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(Article paru dans notre revue Argument du moi de mai 2023)

Il est maintenant de notoriété publique que le SLFP a quitté la table du Comité de concertation du Pacte pour un enseignement d’excellence. Il nous semblait utile de vous en rappeler les raisons.

Tout d’abord, le Pacte pour un enseignement d’excellence se fonde dès le départ sur le fait qu’on ne peut pas obtenir une amélioration du système éducatif sans tenir compte de son impact sur chacun des acteurs de l’enseignement. La crise COVID, la mise en œuvre progressive des réformes du Pacte, les dérives successives vers une gestion axée sur les résultats ont, non seulement entraîné une perte progressive de sens pour les personnels, mais aussi profondément déséquilibré l’Avis n°3.

« Non mais »

Lorsque les organisations syndicales ont manifesté leur opposition à la manière dont sont mises en œuvre certaines réformes prévues par le Pacte, les représentants du pouvoir régulateur, mais aussi ceux des fédérations de pouvoirs organisateurs n’ont cessé de marteler leur éternel mantra : nous avons signé l’avis n°3, nous ne respectons pas nos engagements et nous mettons en danger les fragiles équilibres du Pacte. Rappelons encore une fois qu’après consultation de la base, nous n’avons pas signé l’avis n°3, nous lui avons opposé un « NON MAIS ». Ce qui veut dire qu’il nous semblait important d’être assis à la table du Comité de concertation en vue de discuter des réformes qui allaient être mises en place de manière systémique en vue d’améliorer le système éducatif.

Si le Pacte a changé de cap, ce n’est certainement pas les organisations syndicales qui en sont responsables.

Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons plus cautionner de servir d’alibi à un pseudo processus de co-construction. C’est pourquoi nous avons décidé de quitter la table du Comité de concertation en attendant un geste fort du gouvernement.

Pour ceux qui ne le savent peut-être pas, le Comité de Concertation est l’organe de discussion qui réunit tous les acteurs de l’enseignement (syndicats, pouvoirs organisateurs, cabinets ministériels et parents).

Les nouvelles réformes nous sont donc proposées en un temps record afin que tous les acteurs puissent en débattre. Les textes à examiner sont confidentiels et donc ne peuvent être diffusés à l’ensemble des affiliés puisqu’il ne s’agit pas des textes définitifs qui seront soumis à la négociation. Le délai entre la réception des documents est toujours très court et ne permet pas aux acteurs d’examiner les choses en profondeur. Les syndicats ont attiré l’attention de la ministre Désir et du ministre-président Jeholet sur ces pratiques et ont affirmé leur refus d’être dans la co-construction des réformes, comme cela avait été annoncé dans la presse.

Nous avons également soulevé le manque de temps dont disposaient les équipes éducatives pour assimiler ces réformes. Au fur et à mesure de l’avancement du Pacte, le lien systémique est de moins en moins perçu par le terrain. Les demandes des pouvoirs organisateurs sont principalement rencontrées par rapport aux demandes syndicales.

 

Perceptions

Au fur et à mesure, quelles sont les perceptions des réformes du Pacte par les membres du personnel ?

  • Moins de liberté pédagogique : l’enseignant se sent de plus en plus un simple exécutant
  • Moins de liberté d’organisation
  • Peu de moyens alloués aux réformes mises en place ou en prévision
  • Surcharge administrative pour les enseignants et les directions qui ont de moins en moins de temps dévolu à leurs missions pédagogiques
  • Apparition des formations une fois la réforme mise en place et non au préalable
  • Le manque de considération et de reconnaissance est toujours criant alors que le Pacte était censé gommer ce manque et revaloriser la fonction enseignante
  • Les améliorations du système scolaire reposent en grande partie sur les épaules des enseignants
  • L’école devient une administration à part entière en tenant de moins en moins compte des spécificités du secteur
  • Le Pacte ne réduira pas la pénurie d’enseignants…

Quelques exemples de dérives

  • Les DAccE, PIA, dossiers élèves, provoquent une surcharge administrative puisqu’ils doivent tous être complétés de manière très précise et fastidieuse. Ils sont, en outre, redondants
  • Les plans de pilotage qui devaient être le canevas d’une école idéale à l’image du projet pédagogique et de l’équipe éducative devient du formatage pour suivre l’image du réseau
  • Le travail collaboratif n’est plus une réflexion sur les pratiques collectives mais un temps dirigé par la direction pour que son MDP effectue des tâches. Il explose tous azimuts à cause de toutes les réformes expliquées préalablement, notamment
  • Le développement professionnel repris dans le décret évaluation est supposé miser tout sur l’accompagnement et le soutien mais ne peut être délié par le gouvernement de son volet sanctions
  • Plus ou rarement de leadership partagé en vue de responsabiliser les enseignants dans leur métier
  • La réforme des CPMS qui aura une incidence certaine sur l’encadrement des centres.
  • Les réformes du qualifiant arrivent de manière désordonnée (quid de la rationalisation de l’offre, la fusion des filières techniques et professionnelles n’est pas encore envisagée, mise en place du PEQ, question de l’alternance, …)
  • L’après Tronc commun inquiète également énormément les enseignants
  • Les rythmes scolaires qui sont différents en Wallonie et en Flandre alors que nous sommes un tout petit pays. Les enseignants dont les enfants sont scolarisés en Flandre se trouvent démunis face aux problèmes de garde. Sans parler des enseignants en immersion néerlandaise qui retournent dans leur communauté pour être en congé en même temps que leurs enfants….
  • Et la liste est loin d’être exhaustive.

 

Un franc succès

Nous espérons donc qu’au moment où vous lirez ces quelques lignes, la manifestation du 27 avril 2023 qui portait sur les maigres propositions entourant nos quatre revendications aura rencontré un franc succès et que nous aurons été des milliers à manifester notre mécontentement face au manque de considération que subissent les personnels de l’enseignement.

Rendons aux MDP leur qualité d’instituteur.trice, de professeur.e, d’éducateur.trice ! Que ce métier redevienne une passion et non un pugilat ! Il n’y a que de cette manière que la pénurie pourra enfin prendre fin et le métier retrouver son attractivité.

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