Communiqué de presse du 19 décembre 2023

Les organisations syndicales plaçaient leurs derniers espoirs d’une réforme réussie provenant du Pacte pour un enseignement d’excellence dans le Tronc commun (TC). Mais le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), in-extremis, dévoile deux nouveaux avant-projets qui enterrent tout espoir d’un TC réussi.

Le premier prévoit la création d’écoles du TC dès la rentrée 2024, c’est-à-dire l’émergence, sur une base volontaire, d’écoles secondaires du degré inférieur autonomes et indépendantes de celles organisant le degré supérieur. Cette décision, prématurée, serait lourde de conséquences : quelles grilles-horaires et quels référentiels les écoles vont-elles utiliser ? Quelles fonctions enseignantes y conserveront de l’emploi ? Quelles mesures spécifiques pour les travailleurs perdant leur emploi ? Ces écoles ne favoriseraient-elles pas une nouvelle fois la concurrence entre réseaux puisque ces DOA n’existent pas dans tous.

Le deuxième prévoit l’organisation « d’activités orientantes » dans les écoles du degré inférieur secondaire, ce qui revient en fait à autoriser la création de filières dans un système (le TC) où il est censé ne plus y en avoir. Cela risque d’entrainer des stratégies de positionnement des PO et par conséquent un (nouveau) renforcement du marché scolaire.

Il paraissait déjà clair pour les organisations syndicales que les changements opérés par le Pacte ne se feraient ni au bénéfice des élèves, ni au bénéfice des membres du personnel, ni au bénéfice d’une amélioration du système scolaire. Pourtant, il restait ce TC avec l’espoir qu’il contribue à la lutte contre les inégalités et à l’amélioration des apprentissages pour tous les élèves. Encore faudrait-il que ce TC respecte les principes émis dans l’avis n°3 . Il n’en sera rien : le Gouvernement de la FWB a fini par avoir peur de son ombre.

Dans sa Déclaration de Politique Communautaire, le Gouvernement avait déjà laissé trainer une volonté de détricoter le TC, en faisant notamment de la 3ème secondaire une année d’orientation. Les organisations syndicales avaient à l’époque immédiatement dénoncé cette rupture avec l’esprit initial du TC et cela semblait abandonné. Mais il semble que les acteurs (politiques, FPO, etc.) qui ne croyaient pas à l’intérêt du TC aient finalement atteint leur objectif : limiter sa portée et s’assurer à terme de son autodestruction. Parce que s’ils veulent bien que tous les élèves réussissent, ils veulent surtout que certains réussissent mieux que les autres.

Une nouvelle fois, le Gouvernement mise sur le marché scolaire pour régler ses problèmes et passe à côté des objectifs de base du Pacte pour un enseignement d’excellence. De réforme en réforme, ce Gouvernement signe la mort de ce Pacte et confirme les craintes exprimées depuis le départ par les organisations syndicales. En ressort un enseignement qui n’a d’excellent plus que son nom…

Les organisations syndicales insistent sur l’importance d’en finir avec le marché scolaire et la concurrence entre réseaux qui tire notre système éducatif vers le bas.